Et puis j’écris… En tout cas, j’invente des histoires. Des histoires de nerd, forcément, avec des monstres, des gadgets high-tech et des bastons. Mais ma partie « humaine » me fait me soucier de mes personnages, m’amène à les connaître. Alors, parfois, je me perds dans tout ça. Quand on écrit, on nous conseille toujours de le faire sur ce qu’on connaît. Mais, quand on vit entre deux mondes, eh bien, on a toujours le doute, la crainte, de voir son rejeton, tiraillé dans ce multivers, n’être qu’un rebut génétique, un hybride mal foutu. C’est ce que doivent ressentir les rappeurs polonais.... On pourrait se dire qu’on va servir de passerelle entre ces frères ennemis, mais, finalement, on se retrouve souvent dans ce no man’s land entre ces frontières, avec les hélicos de l’ONU pour seule compagnie.

Je n’ai pas le souci de la page blanche. Je ne l’ai, pour ainsi dire, jamais eu. Ou du moins pas dans sa forme classique du « qu’est ce que je peux raconter ensuite ? », mais j’ai toujours cette latence du « comment je le raconte ? » J’ai cette envie, ancrée en moi, de me promener dans des univers à part. La S.F., la fantasy, c’est cela qui m’habite vraiment, mais si je vous cite mes écrivains préférés, je pense que Vian, Gide et Duras arriveront en tête devant Lovecraft et Gaiman. J’ai envie d’ être un Auteur, de ceux avec un grand « A », mais pourtant je veux faire de la BD de genre, de celle qui se lâche et qui brise les codes de la narration.

Je parle de moi, mais je sais bien que je ne suis pas le seul dans ce cas de figure. Je suis né en même temps que Star Wars, je me suis bouffé tous ces univers fun qu’ont su inventer les années 80, que ce soit au cinéma, en jeux vidéo ou en BD… Et puis j’ai grandi mais tout cela avait déjà forgé mon univers, participé à l’élaboration de mon imaginaire. Je suis de cette génération qui nous pond tous ces scénaristes de séries télé aux E.U., qui ont su créer des concepts nouveaux, imposer une écriture mature et riche et relancer la machine (ou du moins la rendre intéressante). Je crois que le monde pullule aujourd’hui de demi-nerds.

Alors, si nous sommes si nombreux le cul entre deux mondes, à ne pas vraiment savoir vers où nous diriger, il serait peut-être temps de créer le nôtre, de monde. "

Florent